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Bulgarie, ambivalences

Publié le 21 Avril 2014

Ambivalence : caractère de ce qui peut avoir deux sens, deux interprétations.


C'est exactement comme ça que j'ai ressenti notre voyage en Bulgarie au moment où je me suis mise à l'écrire : deux sens, deux interprétations, deux états d'esprit.
Ne sachant pas quoi choisir, j'ai rédigé deux versions de notre expérience bulgare. Je suppose que la vérité se trouve quelque part entre les deux...

VERSION 1 :
Notre aventure bulgare débute par un siphonnage malveillant, se poursuit par notre exploitation volontaire dans un ferme d'affreux oiseaux stupides et se termine par un embourbement malvenu dans nous sommes sortis à grand peine. Le tout, sous un climat mitigé accordant une grande place aux orages soudains et aux averses torrentielles. C'est dire que notre séjour en Bulgarie, nous l'avons senti passer!


Le coup du siphonnage, c'était à Nessebar, petite ville de la côte est, sur la mer noire, classée par l'Unesco pour sa vieille ville construite sur une presque-île par les Thraces il y a près de 3000 ans. Aujourd'hui presque entièrement sous les eaux. La ville était si jolie, et si tranquille en comparaison de la tumultueuse activité d'Istanbul, que nous avions décidé d'y passer quelques jours. Seulement voilà : un camion français de 10 tonnes (ce qui suggère un réservoir conséquent), garé au beau milieu d'un énorme parking totalement déserté en cette saison non touristique, ça se remarque! Le pire c'est qu'on ne peut même par lui en vouloir quand on sait que le prix du gazole est sensiblement le même que chez nous alors que le salaire moyen des bulgares est environ 6 fois inférieur au nôtre! Bref, le troisième soir, très tard dans la nuit, un bruit suspect nous a poussé à passer la tête par la fenêtre pour constater qu'un affreux personnage était tranquillement en train de siphonner notre carburant! Il en était à son deuxième bidon (de 20 litres au moins!) quand nous avons manifesté notre présence l'obligeant à arrêter sa manœuvre pour se carapater dans les ruelles de cette adorable ville! Après réflexion, nous nous sommes aperçus que c'était le même individu que nous avions vu, à la tombée de la nuit, s'entraîner au "taï-chi" juste à côté du camion. Nous l'avions pris pour un illuminé, l'affreux, alors qu'en réalité, il était tranquillement en train de tâter le terrain pour son futur méfait!
Nos premiers jours en Bulgarie nous ont donc faits nous sentir particulièrement dupes et stupides...


Le lendemain, nous quittions Nessebar pour nous rendre dans la grande ville du coin : Varna, classée troisième ville du pays grâce à ses 330 000 habitants! Là, nous avons rejoint Georgi, un bulgare voyageur revenant tout juste d'un périple de 2 ans en Amérique du sud, rencontré sur la route, qui nous a proposé de nous faire visiter sa ville! Notre séjour aurait été très agréable s'il n'avait pas fait un temps effroyable : pluie et vent. Avec Georgi, nous avons donc davantage essaimé les bars et restau de la ville ce qui, après tout, est aussi une façon de visiter un pays!


Puis, souhaitant profiter des quelques jours qui nous restaient avant de nous rendre à notre nouveau wwoofing dans une ferme d'autruches, nous avons longé la côté de la mer noire, vers le nord : Balchik et le palais d'été de la reine Marie (petite fille de la reine Victoria), la forteresse du cap Kaliakra, le phare de Sabla... Les paysages -et surtout le temps-, nous ont beaucoup rappelé la Bretagne. A se demander pourquoi on part si loin!


S'agissant du wwoofing, situé dans le village de Konstantinovo à quelques kilomètres au sud ouest de Varna, je ne sais pas qui, des hôtes ou des oiseaux, était les plus horribles.


Les autruches sont des grands animaux particulièrement stupides. Et agressifs avec ça. Nous étions, entre autres, chargés de les nourrir et de les abreuver matin, midi et soir et de surveiller, à partir de 16h00 jusqu'à environ 19h00, la ponte des œufs. Cette dernière tâche étant particulièrement délicate puisqu'il s'agissait d'entrer dans les champs d'autruches pour y récupérer les œufs avant que ceux-ci ne roulent en bas du terrain, très fortement en pente, ou que les oiseaux ne les cassent en les picorant ou en marchant dessus. Or, comme ces stupides bêtes accourent dès que l'on entre sur leur domaine, et adorent, par dessus tout, vous mordiller les oreilles et vous tirer les cheveux, vous avez intérêt à être vigilants!


Nous étions aussi réquisitionnés pour aider à soigner les autruches blessées ou malades. Ainsi, lors de notre deuxième jour, l'une de ces affreuses bêtes s'était ouvert le cou sur une bonne cinquantaine de centimètres en se rappant sur la clôture de bois (je ne répèterai jamais assez à quelle point l'autruche est stupide). Il a fallu la recoudre, sur place et sans anesthésie bien sûr! Nous étions chargés d'immobiliser l'oiseau : je devais maintenir la tête et le cou de l'animal en position horizontale tandis qu'Alan la maintenait à l'arrière pour l'empêcher de reculer et alors que le fermier, Stel, tentait de faire les points. Résultat : j'ai cru qu'elle allait s'arracher la tête toute seule à force de tirer comme une brute, Alan s'est pris 2 ou 3 coups de pattes bien sentis et Stel a terminé à califourchon sur le dos de l'autruche dans un équilibre plus que précaire ! Mais une bonne demi-heure plus tard et une fois tous les trois couverts de sang, les points de suture étaient faits.


Nous étions également chargés, avec les deux ouvriers bulgares que Stel emploie, de faire les hamburgers d'autruche. Soyons clairs, en principe, les autruches, une fois à maturité, sont envoyées vivantes dans un abattoir en Roumanie d'où la viande est directement exportée aux clients. Mais il arrive quelque fois qu'une autruche meure à la ferme des suites de ses blessures ou de maladie. Dans ce cas, la viande est dépecée sur place par un des ouvriers puis transformée en steaks hachés qui seront surgelés dans l'idée de vendre des hamburgers d'autruche à des touristes cet été. Vous devinez aisément que c'est un travail absolument détestable à réaliser!


Hormis ces petits travaux, nous avons aussi déplacé quelques centaines de poteaux de bétons, les avons peints, avons creusé des trous avec une espèce de tire-bouchon géant pour pouvoir les y mettre, tout cela dans l'idée d'agrandir l'élevage d'autruches, nous sommes occupé des autres volailles et des hamsters, avons creusé le futur emplacement d'un bac à sable dans une terre horriblement caillouteuse, avons retourné la terre du jardin potager et y avons planté les graines, avons rempli des sacs de terreaux et les avons déversés sur le jardin potager, avons construit des nouveaux nids pour la volière, avons trouvé et démarché des entreprises françaises éventuellement intéressées par de l'autruche bulgare...


Nous faisions des journées d'au minimum 8 heures de travail, jamais en compagnie de nos hôtes qui étaient trop occupés à promener leur fille ou à régler avec la police la situation des bergers bulgares à qui ils veulent interdire de mettre un pied sur leur propriété privée! Nous ne mangions avec eux ni le matin ni le midi. Seulement le soir et encore parce qu'ils ne pouvaient s'y soustraire (auparavant, les wwoofeurs ne mangeaient jamais avec eux mais des remarques de l'institut du wwoofing les ont contraints à revoir un peu leur copie).


Oui, nos hôtes étaient des gens charmants. Londoniens, ex travailleurs de la city, venus s'expatrier en Bulgarie pour y faire du business de viande d'autruche. Leur idée première : faire du profit,Lle wwooffing étant envisagé comme de la main d’œuvre gratuite qui s'ajoute à leur main d’œuvre bulgare.


Nous avons tenu un peu plus d'une semaine (dont un seul jour de repos arraché car il pleuvait et qu'il n'y avait rien à nous proposer, et dont on nous a averti le jour même après que nous nous soyons levés et ayons donné à boire et à manger à leurs stupides oiseaux). Mais au moment de partir et après une nuit particulièrement pluvieuse, le camion s'est embourbé! Moment spécialement malvenu! Comme il était hors de question de passer un jour de plus dans cette satané ferme, nous avons bravement pris nos pelles et tenter de nous sortir de cet enfer. Plusieurs heures après, et sans aucune aide des fermiers qui espéraient - et même pas secrètement- que nous soyons contraints de rester quelques jours de plus pour travailler encore un peu, nous avons enfin réussi à nous dégager!


Après quelques escales peu stimulantes en raison d'une pluie tenace et continue, nous avons rejoint la frontière roumaine, direction Bucarest où nous espérons de bien meilleurs jours en compagnie de nos copains Emilie et Rémi!

VERSION 2 :
Après le tumulte d'Istanbul, la Bulgarie nous a fait l'effet d'un grand bol d'air frais. Ce pays a en effet une densité de population très faible (68 habitants/km2) qui lui permet de regorger de vastes espaces naturels. Sa situation géographique en fait par ailleurs une terre d'accueil privilégiée pour les espèces migratoires. Pour preuve : une de mes premières photos de Bulgarie est celle d'une cigogne perchée dans son nid. Ici, lorsque les tracteurs labourent la terre, ce ne sont pas les mouettes mais les cigognes que l'on voit arriver! Aigles, faucons, tortues, dauphins... La Bulgarie est une destination rêvée pour tous les amoureux de la nature.


Afin d'éviter des climats trop difficiles en ce tout début de printemps, nous avons choisi de rejoindre la côté de la mer noire et nous sommes donc rendus dans la ville de Nessebar, héritée du peuple Thrace il y a près de 3000 ans et dont les vestiges sont aujourd'hui inscrits au patrimoine mondial de l'humanité. La ville est construite sur une presqu'île dont l'accès doit être terriblement difficile en période touristique. Pour nous, l'accès fut des plus simples : nous étions les seuls visiteurs avec un parking entier, en bord de mer, à notre entière disposition. De là, nous avons pu visiter cette petite ville et ses vestiges thraces dont une bonne partie est aujourd'hui recouverte par les eaux. Nous avons aussi réintroduit dans notre alimentation, avec un plaisir non dissimulé, la viande de porc (proscrite en Turquie) accompagnée de petits vins bulgares tout à fait appréciables! Malgré un fâcheux incident de siphonnage (le seul depuis notre départ il y a 8 mois donc on ne va pas se plaindre!), et un temps encore bien frisquet, notre arrivée en Bulgarie s'est présentée sous les meilleurs auspices.


Ce, d'autant que, sur la route longeant la mer noire, nous avons rencontré Georgi, un bulgare voyageur qui revenait tout juste de deux années de route à travers l'Amérique du sud! Ce dernier nous a proposé de le rejoindre quelques jours plus tard à Varna pour qu'il nous fasse découvrir sa ville ce que nous avons, bien sûr, accepté avec enthousiasme. Promesse tenue : à notre arrivée Georgi était là! Il nous a d'abord trouvé une place pour garer le camion juste devant la mer, à quelques kilomètres du centre-ville, et à quelques mètres d'une piscine en plein air d'eau chaude naturelle ouverte -et gratuite- même la nuit! Royal! Durant plusieurs jours, et malgré un temps pas toujours engageant, Georgi nous a servi de guide : visite du centre-ville et des chapelles orthodoxes, aperçu des constructions soviétiques, promenades en bord de mer. Il nous a emmené dans ses bars préférés, nous a fait goûté les spécialités locales (salades bulgares et petits poissons frits) et présenté à plusieurs de ses amis avec lesquels nous avons passé de très bonnes soirées. C'était tellement sympa que nous nous sommes jurés qu'à notre retour en France, nous ferons la même chose avec les premiers voyageurs que nous rencontrerons!


Sur les conseils de Georgi et avant de se rendre à notre nouveau wwoofing dans une ferme d'autruches, nous avons quitté Varna pour découvrir les paysages côtiers, plus sauvages, un peu plus au nord de Varna : Balchik, petite ville de bord de mer qui abrite le palais d'été ayant appartenu à la reine Marie (reine de Roumanie et petite fille de la reine Victoria ) dont les jardins sont absolument splendides, la forteresse du cap de Kalikria située dans un espace naturel protégé en raison de la richesse de sa faune, le petit phare rouge et blanc de Sabla...Ce fut reposant, ce dont nous avions bien besoin au regard de l'investissement que nous demanderait notre prochain wwoofing...


Une chose est sûre : les wwoofing se suivent mais ne se ressemblent pas. Pour la première fois, les fermiers ne sont pas des gens du coin, ni même du pays, mais des anglais qui ont choisi, pour des raisons économiques que l'on peut comprendre, de créer leur activité en Bulgarie. Pour la première fois, il s'agit d'une famille : un couple de trentenaires et leur petite fille de 3 ans. Pour la première fois, notre travail ne consiste pas à accompagner et aider le fermier dans certaines de ses tâches mais à exécuter sans lui, avec ses ouvriers, des travaux précis qu'il ordonne ce qui constitue de véritables journées de travail (environ 8 heures par jour). Pour la première fois, nous ne prenons pas tous nos repas avec nos hôtes mais seulement celui du soir. Pour la première fois, aussi, il s'agit d'autruches...


Beaucoup de nouveautés dont certaines, pour être honnêtes, n'étaient pas vraiment à notre goût. Par ailleurs, sans doute à cause de la langue (quand on ne parle pas couramment, il est bien plus difficile de parler anglais avec un anglais qu'avec un étranger) mais probablement aussi en raison d'une différence de caractères et même de conception de la vie, nos relations ont été beaucoup moins faciles et moins profondes que dans nos précédents wwoofing.


Mais c'est aussi un expérience et, cela mis de côté, l'unique repas pris en famille était toujours succulent et servi en abondance, nous avons tout de même eu des conversations intéressantes quand bien même nous n'avions pas le même point de vue, nous avons eu l'occasion de voir fonctionner l'incubateur et de contrôler l'état d'avancement des œufs, nous avons savouré des brochettes d'autruches faites maison.

Par ailleurs, l'expérience avec les autruches fut très amusante. Passé les premiers jours où il faut quand même s'habituer à ses drôles de bêtes, au fait que ce sont des oiseaux assez stupides, pas vraiment méchants mais en revanche très curieux, tout va bien! Avec l'habitude, et une fois que l'on a compris qu'il faut se protéger les oreilles et les cheveux, c'est même assez sympathique de rester observer ces grandes bêtes se pavaner, se chamailler, s'accoupler, pondre, dormir... (et on apprend des choses : nous pouvons par exemple vous certifier que les autruches ne plongent jamais la tête sous la terre quand elles sont effrayées. Non : elles s'enfuient en courant très vite ou elles attaquent, au choix)... Et récupérer un œuf dans l'enclos sans se faire picorer est source de fierté absolue! (Regardez la petite vidéo, vous comprendrez tout).


Par ailleurs, ce wwoofing nous a permis de rencontrer Pencho et Ivan, les deux ouvriers bulgares que Stel emploie pour sa ferme avec lesquels nous avons bien discuté et qui nous ont appris des choses sur leur village et leur pays que nos fermiers, expatriés, n'auraient pas pu nous transmettre !


Nous sommes restés un peu plus d'une semaine avant de décider de reprendre la route vers Bucarest, en Roumanie, où des amis viennent nous rejoindre pour une dizaine de jours.


Le départ fut difficile, non en raison d'une charge émotionnelle intense, mais tout simplement car notre camion s'est embourbé! Après quelques efforts, nous avons néanmoins réussi à nous dégager et sommes repartis tout contents sur les routes! Les wwoofing, quels qu'ils soient, ont cela de bon qu'ils nous permettent de savourer, à chaque fois, notre retour à la liberté!


Pour atteindre la frontière roumaine, nous avons traversé des paysages magnifiques notamment aux alentours de Ruse : des gorges, des falaises, des forêts... que nous n'avons malheureusement pas pu apprécier à leur juste valeur en raison d'une mauvaise météo. Je crois que la Bulgarie est un des plus beaux pays que nous ayons traversé depuis notre départ. L'étendue de ses espaces naturels, la richesse de sa faune et de sa flore, sont incroyables. Si nous n'avons pas eu de chance avec le temps et trop peu de temps pour bien la visiter, il nous reste cependant un sentiment d'émerveillement réel pour ce pays bulgare.

l'arrivée en Bulgarie
l'arrivée en Bulgariel'arrivée en Bulgarie

l'arrivée en Bulgarie

Nessebar ( petit jeu : essayez de trouver Bachi : c'est facile, il est tout seul!)

Nessebar ( petit jeu : essayez de trouver Bachi : c'est facile, il est tout seul!)

Varna (et sur la dernière photo Georgi en grande conversation avec Alan)
Varna (et sur la dernière photo Georgi en grande conversation avec Alan)Varna (et sur la dernière photo Georgi en grande conversation avec Alan)Varna (et sur la dernière photo Georgi en grande conversation avec Alan)

Varna (et sur la dernière photo Georgi en grande conversation avec Alan)

Balchik, le cap Kaliakra, le phare de Sabla et sa côteBalchik, le cap Kaliakra, le phare de Sabla et sa côte
Balchik, le cap Kaliakra, le phare de Sabla et sa côteBalchik, le cap Kaliakra, le phare de Sabla et sa côte

Balchik, le cap Kaliakra, le phare de Sabla et sa côte

la ferme des autruches et, dans l'ordre d'apparition (Ivan, Pencho et Ivan,  Stel)
la ferme des autruches et, dans l'ordre d'apparition (Ivan, Pencho et Ivan,  Stel)la ferme des autruches et, dans l'ordre d'apparition (Ivan, Pencho et Ivan,  Stel)la ferme des autruches et, dans l'ordre d'apparition (Ivan, Pencho et Ivan,  Stel)
la ferme des autruches et, dans l'ordre d'apparition (Ivan, Pencho et Ivan,  Stel)la ferme des autruches et, dans l'ordre d'apparition (Ivan, Pencho et Ivan,  Stel)
la ferme des autruches et, dans l'ordre d'apparition (Ivan, Pencho et Ivan,  Stel)la ferme des autruches et, dans l'ordre d'apparition (Ivan, Pencho et Ivan,  Stel)la ferme des autruches et, dans l'ordre d'apparition (Ivan, Pencho et Ivan,  Stel)

la ferme des autruches et, dans l'ordre d'apparition (Ivan, Pencho et Ivan, Stel)

Le champ des autruches...

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