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D'Ayvalik à Termessos, voyage au coeur de l'ouest turc

Publié le 26 Janvier 2014

En descendant la côte égéenne jusqu'à Izmir, nous nous sommes arrêtés à Ayvalik, Candarli et Focca, petits villages côtiers pleins de charme où nous avons tenté de nous mêler à la vie locale. C'est un des avantages de l'hiver : les touristes sont, pour l'essentiel, partis ou pas encore arrivés, et on a le loisir d'observer "l'activité normale" de la ville, non perturbée par les assauts touristiques.


Bien entendu, nous avons rapidement testé, Alan avec plus d'empressement que moi il va sans dire, les petits bouibouis proposant les fameux döner kepab turcs! Pour votre information, sachez que "döner" signifie "broche tournante"et" kebap" "rôti/grillé". Par conséquent, lorsque vous demandez un döner kebap, vous demandez simplement quelque chose qui est rôtie à la broche. Il faut ensuite préciser ce que vous voulez rôtir (c'est souvent de la viande : pour le poulet "tavuk", pour le mouton "kuzu") et si vous voulez le mangez en sandwich ou dans une assiette.


Nous nous sommes aussi essayés à la boza, espèce de crème de maïs que l'on boit saupoudrée d'un peu de cannelle. Ça a l'aspect et la consistance d'une danette à la vanille et un goût un peu acide s'apparentant vaguement au citron. Vous en buvez un verre, vous êtes repu pour toute la journée! En plus léger, il y a les verres de jus de fruit frais, grenade et orange, que l'on trouve à chaque coin de rue.


Bien sûr, nous avons testé les hammams, les fameux bains turcs où l'on vous frictionne au gant de crin et au savon noir au milieu des vapeurs d'eau chaudes.


Nous avons parcouru les petits ports où les pêcheurs vendent, chacun devant leur bateau, le fruit de leur récolte, les bazars où s'étalent les morceaux de viande pendues à leurs crocs suivies, un peu plus loin, par les vendeurs d' épices puis ceux des oranges, grenades, clémentines et, encore plus loin, les étals de fromages et de lait. Vie animée remplie de cris et aux multiples odeurs.


L'hospitalité turque est à la mesure de celle que nous avons rencontrée en Grèce : les gens sont toujours prêts à vous aider, à vous offrir le thé- boisson nationale en Turquie- et à vous parler de leur pays. Bien sûr, dans les endroits un peu plus touristiques, les commerçants ont une légère tendance à vous assaillir dès que vous passez devant leur magasin. Si vous avez par exemple la mauvaise idée de vous promener dans la rue des restaurants à l'heure de dîner, vous voyez, au fur et à mesure de votre chemin, surgir les serveurs de leur commerce et vous hurler en anglais puis en russe puis en allemand puis en japonnais puis en français que c'est le meilleur restaurant traditionnel turc du coin et qu'ils vous offriront le meilleur prix pourvu qu'on passe leur porte tout en s'empressant de vous donner leur carte. Moyennant quoi, si vous avez su résister à cela, vous vous retrouvez en bas de la rue une demi-heure plus tard avec une montagne de cartes dans les poches de restaurants dans lesquels vous n'entrerez jamais! Et les bazars, c'est pire!
Mais c'est le jeu et ça crée une ambiance particulièrement vivante!


C'est notamment le cas à Izmir, troisième ville du pays après Istanbul et Ankara, où se trouve un gigantesque bazar dans lequel on peut se perdre des heures durant. Izmir c'est une immense ville côtière au tourisme florissant : c'est la tour de l'horloge, symbole de la ville, c'est l'Asänsor (ascenseur construit au dix-neuvième siècle reliant deux ruelles entre elle et offrant une vue splendide de la ville), c'est les magnifiques mosquées, c'est le "Kordon" (quartier piétonnier à front de mer dans lequel s'étalent des centaines de cafés au prix exorbitants même pour des européens), c'est l'agora construite par Alexandre le Grand et très bien préservée, c'est la baie sans cesse sillonnée par les bateaux amenant ses habitants d'un bout à l'autre de la ville... Tout ça, en bas, au bord du magnifique golfe d'Izmir...


Et puis, si on décide de grimper -c'est le mot juste : la ville est une colline- pour atteindre les quartiers hauts, juste en-dessous de la forteresse de Kadifekale, on rencontre les quartiers populaires, les quartiers moches, vétustes, aux bâtiments serrés les uns contre les autres dans des ruelles à peine accessibles tellement elles sont pentues et étroites. La face cachée d'Izmir. C'est là que nous avons rencontré Mustafa, kurde de Syrie d'une quarantaine d'années qui habite ici depuis six mois, depuis que sa maison construite au nord de la Syrie, près de la frontière turque, a été bombardée. Il est maintenant réfugié, avec sa femme, ses trois enfants et son père, dans un minuscule appartement dans lequel il s'est empressé de nous inviter pour boire le thé. Les enfants, qui ont entre six et dix ans, ne sont pas acceptés par l'école turque. Lui, comme sa femme, n'ont pas encore trouvé de travail. Ils restent donc tous là dans le minuscule appartement et rêvent de leur vie passée, de leur jolie maison syrienne détruite dont ils ne cessent de regarder les photos, de l'ancien travail de Mustafa, technicien dans une centrale électrique, qu'il regrette tant, de la famille qui est restée là-bas, de ceux qui y sont déjà morts. Dur, après cela, de retourner dans la belle ville...


Nous avons quitté Izmir pour Efes (Ephèse en français), cité antique qui fut l'une des plus grandes villes marchandes de l'Asie mineure avant d'être ensablée et vouée à l'abandon. Dédiée à la déesse Artémis et refuge de la vierge Marie pour laquelle fut édifiée une gigantesque église aujourd'hui en ruine, c'est, selon notre expérience, le site antique qui donne la meilleure idée de ce que pouvait être une ville de cette envergure durant l'antiquité. Beaucoup de bâtiments ont été relevés et restaurés (notamment la merveilleuse bibliothèque de Celsius) et on a donc véritablement l'impression de déambuler dans une ville et non sur un tas de ruines comme souvent avec les cités antiques.
Nous avons, bien sûr, visité les ruines du temple d'Artémis, l'une des sept merveilles de l'antiquité, dont il ne reste malheureusement que quelques pierres.


Nous nous sommes ensuite enfoncés dans les terres, vers l'est, pour rejoindre le célèbre site de Pamukkale classé deux fois Unesco à la fois pour la cité antique de Hiéropolis d'envergure égale à celle d'Efes (mais en ruine) et aussi pour son incroyable site naturel : les Travertins. Il s'agit de bassins de calcaire qui se sont créés au fil du temps à partir de sources d'eau chaude particulièrement riches en calcium. Cela forme un paysage mi-lunaire mi-polaire où le blanc neige du calcaire, fait ressortir le bleu turquoise des eaux chaudes, le tout recouvert de fumées vaporeuses. Stupéfiant! Hormis certains endroits très fragiles, on peut y vagabonder librement mais pieds nus pour ne pas endommager le site - ce qui ne pose aucun problème, même en hiver, puisque l'eau est chaude. Nous avons donc passé la journée à déambuler, avec un sourire émerveillé, entre les bassins d'eau chaudes et les ruines de Hiérapolis.


C'est avec toutes ces images en tête que nous nous dirigeons, après une dernière visite à Termessos, autre site antique remarquable (il y en a vraiment beaucoup en Turquie), le long d'une très jolie voie montagneuse, vers la ville d'Antalya où doivent nous rejoindre deux amies pour une petite semaine que nous espérons bien agréable.

Ayvalik
Ayvalik

Ayvalik

Candarli

Candarli

FocaFoca

Foca

IzmirIzmir
IzmirIzmirIzmir
IzmirIzmir

Izmir

Efes
EfesEfes

Efes

PamukkalePamukkale
PamukkalePamukkalePamukkale
PamukkalePamukkale

Pamukkale

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Joyeux noël et bonne année - en trois actes -

Publié le 8 Janvier 2014

I) L'avant-Noël


Décors : Xanthi, en Grèce.


A quelques kilomètres au nord se trouvent les étonnants villages Pomaks où la majorité de la population est de confession musulmane en raison de l'ancienne occupation turque ayant sévi près de 400 ans. Mondes à part, dans les montagnes, aux limites de la frontière bulgare, d'autant plus isolés qu'il durent supporter l'occupation militaire durant la guerre froide puisqu'ils constituaient une frontière entre le bloc est ( la Bulgarie étant satellite de l'URSS) et ouest (la Grèce appartenant à l'OTAN). Un langage propre, le pomak, mélange de grec, de turc et de bulgare, incompréhensible cependant pour aucun de ces trois pays. Minorité absolue dressant fièrement ses minarets au-dessus des églises orthodoxes.


Xanthi n'est pas vraiment une jolie ville mais c'est une ville de montagne et nous sommes à quelques jours de Noël. L'ambiance y est joyeuse, chaleureuse et il fait froid.


Action : Hormis la visite de la ville et de ses alentours (notamment les villages pomaks), achat d'un poêle à bois pour installer dans le camion.


Nous avions bien prévu un chauffage au pétrole mais le petit problème c'est qu'il dégage la chaleur grâce à un ventilateur qui, lui, requiert de l'électricité. Or, nous sommes alimentés en électricité par des panneaux solaires! En clair, cela signifie que ce type de chauffage ne peut fonctionner que si il y a assez de soleil pour charger les batteries c'est à dire jamais la nuit ni lorsqu'il y a des nuages ou de la pluie! D'où un intérêt, vous en conviendrez, assez limité... (le public peut rire mais pas trop).
Bref, nous avons acquis, et installé (ce qui signifie deux trous de plus dans le camion mais enfin, passons), un petit poêle à bois et il fonctionne très bien pourvu qu'on trouve du bois!

II) NOEL


Décors : Alexandroupoli, Grèce.


Dernière ville avant la frontière. Sur la plage en bord de mer.

Action : Petit repas de Noël en amoureux concocté dans le camion.


Entrée : crème de feta aux piments sur pitas grillées sur le poële
Plat : octopus grillé et glacé au vinaigre de pomme accompagné de sa purée de carottes à l'orange et de ses pommes de terre en robe de chambre
Dessert : patisseries locales, toutes à base de miel
Le tout servi avec un petit vin blanc local et un vin rouge de Rapsany.


( Là, manifestations gourmandes et émerveillées du public)

III) Nouvel an


Décors : Turquie, le long de la côte ouest


Contre toute attente, nous sommes passés à la frontière comme une lettre à la poste : aucune inspection du camion, juste un rapide coup d'oeil. Je soupçonne les douaniers de refuser de travailler trop dur la veille du réveillon!


Les premières impressions de Turquie (de la Turquie ouest s'entend car l'est doit être sensiblement différent) sont contradictoires : Alan y voit un pays plus occidentalisé que la Grèce alors que j'y ressens un dépaysement total. Après mûre réflexion, je crois que nous avons tous les deux raison. La Turquie ouest possède d'énormes bâtiments et notamment des centres commerciaux gigantesques (qu'on ne trouve pas en Grèce) qui renvoient à une conception très occidentale des choses. Il existe de grosses voies expresses qui sillonnent le pays. Si c'est un pays musulman, les gens s'habillent très majoritairement à l'occidentale, il y a peu de femmes voilées, les jeunes filles s'habillent volontiers en mini-jupes et personne, semble-t-il, n'y trouve rien à redire. L'alcool est proposé dans tous les bars ainsi que dans tous les supermarchés. Beaucoup en boivent (raisonnablement ou non) et ne s'en cachent pas.


Malgré cela, on ne peut manquer de voir les innombrables minarets qui s'élèvent un peu partout (notamment, très bizarrement, près des stations services). On ne peut manquer d'entendre les multiples appels à la prière (cinq pour être exacte) chantés par le muezzin chaque jour, chants à consonance très clairement orientale. Et on ne peut que constater que, sorti des grosses routes impeccables, les voies sont, dans le meilleur des cas, pavées et en mauvais état, dans le pire des cas, en terre et en mauvais état. Des chiens errants partout.


Ajoutés à cela des villes aux noms incroyablement majestueux et fiers (Balikesir, Akhisar, Aksehir, Istanbul...) une monnaie particulière (la lire, 1 euro correspond environ 3 lires) et une langue -à nouveau- inconnue (même si certains mots sont tout à faits compréhensibles avec toutefois une orthographe pour nous très exotique tels "taksi", "Jandarma" "koaför").


Incontestablement un nouveau pays auquel il va falloir s'habituer...


Nous avons filé vers le sud : de la ville frontière Ipsala à Gelibolou où nous avons pris le bac pour Lapseki puis, de là, vers la légendaire ville de Troie puis, enfin, vers le petit village littoral d'Ören sans doute très peuplé en période touristique mais totalement déserté en cette saison hivernale. Il y fait bon, le temps s'est radouci, seize degrés. Nous sommes garés face à la mer.


Action : Pas vraiment. Petit réveillon bien tranquille en bord de mer avec, malgré tout, la compagnie épisodique d'un turc solitaire. Il nous a même offert des fleurs en échange, cependant, de quelques cigarettes et de la fin d'une bouteille de rouge car enfin, le réveillon, ça se fête! (Rires amusés du public).

Final

Voilà, la nouvelle année 2014 est bien là avec son lot de surprises, de rencontres et de découvertes qui nous attendent, sans nul doute, le long de ces vieilles routes d'Europe.
Ça ne nous empêche pas, surtout en ces occasions, de penser à vous tous qui nous manquez quand même beaucoup!


Alors joyeuse et heureuse année 2014 et sachez qu'on sera là pour fêter la suivante!


(Tonnerre d'applaudissements d'un public ému et conquis)

Les villages pomaks
Les villages pomaksLes villages pomaks
Les villages pomaks

Les villages pomaks

Xanthi et notre camion avec son poêle et son nouveau chapeau
Xanthi et notre camion avec son poêle et son nouveau chapeauXanthi et notre camion avec son poêle et son nouveau chapeauXanthi et notre camion avec son poêle et son nouveau chapeau

Xanthi et notre camion avec son poêle et son nouveau chapeau

Alexandroupoli, son phare, sa plage déserte...Alexandroupoli, son phare, sa plage déserte...

Alexandroupoli, son phare, sa plage déserte...

Troie
Troie

Troie

Ören, coucher du soleil, effet bleuté

Ören, coucher du soleil, effet bleuté

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