Après avoir fait halte à Lucca, petite ville médiévale tranquille entourée de grands espaces verts où nous nous sommes promenés à vélo, puis à San Giminiano, très belle cité de caractère, aussi appelée la "petite Manhattan" en raison des nombreuses tours surplombant son centre fortifié,nous sommes arrivés, avec quelques jours d'avance, à Sienne pour assister à la sensationnelle course de chevaux nommée "El Palio" se tenant deux fois l'an, le 2 juillet et, donc, le 16 août.
C'est la seconde fois que nous venions à Sienne (la première datant de l'été 2011 à l'occasion du mariage d'un couple d'amis franco-italien) et cette nouvelle visite n'a fait que conforter la première impression que nous avions eue alors : une atmosphère tout à fait particulière se dégage de cette petite ville médiévale au ton résolument austère. De nombreuses ruelles pavées, bordées d'immenses bâtiments aux couleurs assez ternes, convergent presque toutes vers la magnifique place centrale de Sienne, la piezza Del Campo, cataloguée comme l'une des plus belles places du monde.
Celle-ci ne dépare pas du reste de la ville : c'est une vaste place pavée, faisant face au Palazzio Comunale et entourée d'imposants bâtiments aux couleurs ocres. Une des originalités de cette place est d'être concave, et non plate, et formant une demi-ovale face au Palazzio Comunale. Ainsi, le point le plus bas de la place se trouve au milieu de la ligne se situant au plus près dudit Palazzio et, plus en s'en éloigne, soit en reculant, soit allant à droite ou à gauche de ce point, plus on s'élève.
Malgré l'austérité affichée de l'endroit, sans un arbre, sans banc, sans rien finalement, il s'y dégage une espèce de tranquillité majestueuse, d'imposante sérénité difficilement descriptible, qui rend cette place très attirante, presque envoutante (mes photos ne lui rendent pas du tout hommage malheureusement!)
C'est précisément sur cette place qu'a lieu le fameux "El Palio" qui est tout sauf une attraction destinée aux touristes vu le nombre et l'enthousiasme des italiens présents!
Il s'agit d'une course de chevaux d'un genre particulier, opposant les différents quartiers de Sienne. Un premier tirage au sort détermine, parmi les dix-sept quartiers siennois, les dix qui participeront à la course. Ceci fait, un nouveau tirage au sort couple le cavalier de chaque quartier participant à un des dix chevaux désignés pour concourir. Le jour venu, les dix couples cheval/cavalier s'élancent sur la piste spécialement aménagée, avec de la terre de Sienne, sur les contours externes de la Piazza Del Campo (le public se trouve donc essentiellement au centre de la place). Les chevaux sont montés à cru, c'est à dire sans selle à même le dos du cheval, et il n'existe aucun règle particulière hormis l'interdiction faite aux cavaliers de toucher les rênes des chevaux adverses. Le gagnant est le quartier dont le cheval, avec ou sans son cavalier, achève trois tours de piste. Le perdant est le quartier dont le cheval, avec ou sans son cavalier, arrive deuxième.
Ce 16 août 2013, c'est le quartier ONDA qui est sorti vainqueur, son cheval ayant franchi, avec son cavalier, la ligne d'arrivée. Nous n'avons pas retenu le nom du quartier perdant mais il est sûr que leur cheval est arrivé deuxième et sans son cavalier- qui est tombé lors du premier tour de piste et qui a eu bien de la chance de ne pas se faire piétiner car, sachez le bien, en aucun cas la course ne sera interrompue avant la fin, foi d'italien-!
C'est un spectacle tout à fait impressionnant tant par la vitesse et la dangerosité de la course en elle-même (les cavaliers montent à cru, en costume historique et sans aucune protection autre qu'un simple casque), que par la clameur s'élevant du public, et en particulier des siennois, exhortant, en termes les plus vifs, leur représentant de gagner.
La règle de base, nous a-t-on expliqué, est évidemment de soutenir son candidat mais surtout de détester celui des autres! Et il est clair que les italiens suivent de principe à la lettre : nous en avons vu pleurer de détresse lors des tirages au sort, le cheval attribué ne correspondant sans doute pas à leur espérance, nous en avons vu manifester une colère sans nom de n'être pas un quartier représenté-ce en quoi on peut tout à fait les comprendre-, nous en avons enfin vu hurler de joie à l'annonce du vainqueur! En outre, tout le monde, hommes, femmes, enfants ont leur avis sur l'issue des combats et parient à qui mieux mieux!
Du grand spectacle... auquel il convient toutefois d'opposer un bémol au regard du traitement infligé à ces pauvres chevaux : ils n'ont aucune protection, sont montés à cru ce qui, nécessairement, au regard de la grande vitesse, est très mauvais pour leur dos et sont, en outre, extrêmement énervés voire apeurés par les détonations précédant et succédant à la course ainsi que par les hurlements d'un public survolté. L'équivalent de la SPA en Italie a émis diverses réserves sur ce point, jusque là non suivies d'effets.
Laissant là des italiens surexcités et une Sienne surchauffée, nous nous dirigeons maintenant vers Rome, avec quelques étapes bien méritées prévues en bord de mer.